NOTRE DAME DES LANDES : AU CŒUR D’UNE JOURNÉE DE JOIE
Notre Dame Des Landes, France
17 Janvier 2018
Texte & photos : Emmanuel Brossier
Arrivé au hangar de la vache rit, sur la ZAD de Notre Dame des Landes aux environs de 12h30, nous ne sommes encore que quelques photographes.
En attendant l’annonce d’Édouard Philippe, les discussions se font rares, toujours portées sur les différentes perspectives du projet d’aéroport. Un rassemblement se forme autour d’un collègue ayant eu la bonne idée de mettre le discours d’Édouard Philippe sur l’autoradio de sa voiture. Quelques secondes après la fin de la conférence, quelqu’un sort de la maison de Sylvain Fresneau, de l’autre côté de la route, et pousse un hurlement de joie. (La vache rit et les bâtiment alentours appartiennent à la famille depuis cinq générations)
Nous nous dirigeons aussitôt vers la Rolandière, où les occupants de la ZAD, juchés sur le sémaphore, chantent, hurlent de joie, se serrent dans les bras allument quelques fumigènes. Très vite, un cortège se forme, mené par une banderole « Et toc ! ». Direction un autre point de la ZAD, à l’abri des caméras, des appareils photos, des micros de journalistes, pour décider des suites à donner.
Je retourne donc à la vache rit ou, progressivement, amis, entourage, habitants de Notre Dame des Landes, se rejoignent, comme ils avaient l’habitude de le faire, lors des réunions qui, on l’imagine, étaient moins festives. Au milieu des éclats de rires et de joies, j’ai entendu un agriculteur lancer : « Maintenant, je sais que je vais mourir heureux ! ». De quelques véhicules de journaliste stationnés là depuis le matin, la D81 se transforme en périph’ Parisien aux heures de pointe. Quelqu’un demande ironiquement les gendarmes, pour faire la circulation, le groupe rigole, l’atmosphère est détendue, ce qui n’était sans doute pas arrivé depuis quelques années maintenant…
15h30, une conférence de presse se prépare, initialement, il était prévu que les photographes puissent faire une photo de groupe à la sortie du « bureau », puis, les télévisons, qui avaient disposé leurs caméras en arc de cercle à bonne distance, devaient filmer la conférence à la fin des photos. Finalement, et comme souvent, une caméra, un micro, un photographe, se rapprochent trop, provoquant un mouvement général des médias vers le petit groupe chargé de donner la conférence. J’en profite pour reculer, donner un autre angle. Dans l’assemblée réunie derrière les médias, on blague encore : « Les médias devaient prendre des leçons sur l’auto-gestion ! »
Fin de conférence, beaucoup d’occupants de la ZAD font leur entrée, dans une ambiance de victoire de coupe du monde, et en profitent pour remercier Sylvain Fresneau et les autres résidents historiques de la zone.
16h30, je reprends la route pour Rennes, non sans avoir été bloqué quelques temps dans les désormais légendaires bouchons de Notre Dame des Landes, avec une impression étrange, partagé entre la joie communicative des habitants de la ZAD et l’impression que cette décision, tombée plus vite que prévue, est tombée « trop brutalement », un peu comme une série qui s’arrête brusquement, avec une fin bâclée.
Sur la route, en y réfléchissant, l’explication est arrivée : Tout ne s’est pas arrêté brusquement, non, tout ne fait que commencer, tout est à créer !