[TRIBUNE] #15SEPT : LA JOURNÉE D’UN LYCÉEN DE 18 ANS À PARIS

J’ai 18 ans et je suis lycéen. Voici mon témoignage de la journée du 15 Septembre.

Jeudi 15 Septembre 2016 j’ai participé à la manifestation contre la loi travail à Paris en tant que Black Block.

Je suis arrivé à 10 heures, puis j’ai pris le métro pour me rendre à Gare de Lyon (car il y’avait un lieu de rendez-vous pour éviter les fouilles). Je suis arrivé vers 11h15 puis je sors pour fumer une cigarette et retirer de l’argent à la banque quand je me fais interpeller par deux baqueux (j’étais habillé tout à fait normalement, j’avais un sweat gris, un jean noir et des baskets noir, et capuché car il pleuvait), ils m’ont mis à l’écart, l’un des baqueux fouille mon sac de fond en comble et m’a demandé (méchamment) si j’allais à la manif, qu’est que je faisais avec un pantalon noir dans mon sac, d’ou je venais, après avoir pris mon identité + fichage à mon avis et quelques coups de pression, il me fouille tout en me touchant tout le corps (même les couilles) puis me laisse partir.

Après avoir trouvé des manifestants, nous décidons de rejoindre les lycéens Rue Jacques Cœur vers 12 h, les CRS bloquaient la rue ainsi que le croisement et quelques minutes plus tard sans provocation de notre part, on essuie plusieurs tirs de lacrymogènes qui nous dispersent, nous avons du courir partout avec les lycéens (nous étions une bonne centaine voir plus) en passant par des petites rues puis par le lycée Charlemagne. Après avoir déambulé dans le rues nous nous retrouvons devant Bastille vers 13 heures (avec bien sur un barrage filtrant et une tonne de CRS, de baqueux ect…) moi et y compris mes camarades on s’est fait nasser comme des animaux juste devant le barrage.

Un CRS ordonne à une fille de venir qui devait avoir à peine 16 ans, celle ci refuse et reste avec nous quand 5-6 CRS viennent alors la tirer de force, en lui tirant les cheveux accompagné de quelques coups de matraque au niveau de la tête, puis un camarade se fait violemment plaquer au sol par les CRS qui mettaient leurs genoux au niveau du visage de mon camarade. Après des fouilles totalement humiliante pour mes camarades vient alors mon tour.

Vous pouvez voir cette scène dans notre reportage sur la manifestation, à partir de 1:45 :

Quand le CRS se mit à fouiller mon sac, un autre camarade se fait également encore plaquer contre le sol et plaquer contre le mur (celui-ci saignait du visage). Ma fouille humiliante désormais terminée et un énième contrôle d’identité j’ai pu être relâcher et rentrer dans la manif vers 13h40.

Je rejoins alors quelques amis, puis nous prenons position en cortège de tête, après quelques minutes de marche et de chant, les premiers tirs de lacrymogènes se font ressentir, alors équipé contre les lacrymogènes (cagoule, lunettes, k-way, capuche, sérum psy, citron, malox) j’ai pu analyser la scène, j’ai vu plusieurs interpellations, mais le nuage de fumée était si grand que je n’ai pas plus voir grand chose et j’ai quand même craché mes poumons et mes yeux brûlaient terriblement malgré l’équipement.

Juste avant République un affrontement violent fait rage entre mes camarades et les forces de l’ordre, tout en m’éloignant de la zone de tension car j’avais perdu mon ami, j’ai eu le temps de lever la tête et voir une grenade de désencerclement arriver juste au dessus de ma tête (j’ai très bien vu la grenade était lancé en l’air alors que c’est strictement interdit de les lancer en l’air), j’ai alors juste eu le temps de tourner de ma tête et de fermer les yeux avant qu’elle n’explose.

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La grenade a explosée juste a coté de moi, me rendant alors ainsi sourd/assommé quelques instants, et j’ai du m’écrouler quelques secondes après car des camarades sont venu m’évacuer pour me mettre sur un trottoir (je me souviens avoir perdu connaissance à ce moment là, le temps de quelques secondes), les streets médics me sont alors venu en aide, j’avais des acouphènes horrible, une brûlure au second degrés au bras gauche et un hématome sur le torse.

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Après m’avoir promulguer les premiers soins, je décide de me lever et d’aller témoigner auprès de quelques médias indépendant. Je décide alors avec mon ami d’aller vers République pour y trouver les pompiers, j’étais arrivé près du Wall Street English, c’est alors que nous les CRS envoient encore quelques lacrymos qu’on a du renvoyer car je n’avais plus aucune protection alors que la zone de conflit était beaucoup plus loin au niveau de L’Indiana. Les pompiers sont arrivés 10 minutes après et j’ai pu être évacué sans problème.

Arrivé à l’hôpital Saint Louis, à mon grand désespoir je n’étais pas le seul blessé en rapport avec la manif, un homme avait tout l’avant bras gauche brûlée (de la même grenade qui m’a touché j’ai reconnu l’homme car il était a coté de moi quand les streets médics me soignait), un autre s’était pris un coup de matraque dans la tête, un autre un éclat dans le cou et la jambe, un autre s’était pris un tir de flashball en plein milieu du torse, et je peux continuer encore longtemps comme ça.

Le résultat est sans appel, j’ai le tympan gauche percé, le droit abîmé, le bras gauche brûlé avec un hématome. Le docteur m’a donné mes radios ainsi que mon ordonnance et un certificat initial descriptif pour porter plainte. En ressortant de l’hôpital vers 18 heures, on tombe strictement par hasard sur la manif sauvage post manif.

Nous décidions alors de les suivre puis après un jeu comme le chat et la souris, quelques lycéens sont interpellés devant le carrefour city près de la gare du nord, la fille qui était avec moi ce matin dans la nasse était encore là et s’est encore une fois de plus fait violenter par les CRS et arrêter de façon arbitraire.

Nous sommes ensuite allés à la bourse du travail pour l’AG.