À la suite de la publication de notre vidéo sur les habitants du “Squat du 94 rue de Châtillon” à Rennes, le Collectif Antifasciste Rennais a accepté de nous accorder une interview.
TARANIS NEWS : Suite à l’affaire du « Squat de la rue de Châtillon » à Rennes et à la publication d’un « rapport » par le Collectif Antifasciste Rennais, peux-tu nous dire en combien de temps vous l’avez rédigé, et si c’était un travail préparé en amont ?
S. du Collectif Antifasciste Rennais : Tout a été fait d’une manière intensive sur deux ou trois jours. Il y a vraiment eu de la réactivité, ce n’était pas prémédité. On l’a pondu comme ça, quand on a vu que l’affaire prenait de l’ampleur à la suite de la publication de l’article de « Ouestorche » (comprendre : le journal Ouest France), repris par le site Breizh Info. On avait des informations en amont évidement puisque notre veille est permanente, mais ce n’était pas pré-rédigé quand l’affaire a éclatée.
TARANIS : Quand tu parles d’une veille permanente du Collectif Antifasciste Rennais, c’est sur quel type d’évènements il s’agit ?
S. : Je ne t’apprends rien ce n’est pas un scoop, on les suit tout le temps. Sur les réseaux sociaux ou dans la vrai vie, quand on en trouve. C’est une veille permanente au sens large du terme, dans le sens ou on essaie systématiquement de savoir ce qu’ils vont faire, éventuellement leurs divisions, voir leurs tensions internes. On essaie de suivre ça au plus près.
TARANIS : Que pensez-vous du rôle de la presse locale dans cette histoire de manifestation et de squat ?
S. : En un mot ? Il est dégeulasse. Les premiers articles de Ouest France sur cette histoire sont proprement scandaleux, notament dans le respect de la déontologie journalistique qui est complètement mise de coté. Il y a une version unilatérale des faits, des informations qui ne sont pas vérifiées et qui ce sont avérées fausses … Ce n’est pas surprenant si l’article ultérieur de Breizh Info reprend quasiment en intégralité les « pseudo-informations » de OuestTorchon. Le travail de désinformation était déjà fait. La presse d’extrême droite n’avait plus qu’à se resservir de ces fausses informations.
Cette analyse de « l’affaire Maryvonne » par Ouest France, qui a commencé en beauté par des mensonges, c’est aussi terminée en fin de semaine par de nouveaux mensonges. Ils ont notament publié vendredi l’information selon laquelle les mouvements antifascistes Rennais appelleraient eux aussi à une manifestation, le même jour que celle annoncée par l’extrême droite. Alors que ça n’était apparu nulle part, que ça n’a pas été évoqué, et qu’il n’en a même jamais été question ! Donc du début à la fin, le rôle de Ouest France dans cette histoire a été scandaleux.
TARANIS : D’après vous, à quels groupes affiliés à l’extrême droite les squatteurs ont eu à faire ?
S. : Il s’agit de 4 ou 5 groupes. Sachant que lorsque l’on dit « groupe », ça commence à partir de 2 personnes …
Evidement il y a « ADSAV » dont on va dire qu’il s’agit de « Néo-Nazi Indépendantistes Bretons », qui eux étaient numériquement les plus importants. Sachant qu’ils viennent de Bretagne mais clairement pas de Rennes pour l’écrasante majorité d’entre eux.
Ensuite, il y a « l’Action Française ». Ils ne sont qu’une poignée mais pour le coup ils sont de Rennes. Il faut prendre les choses à leur juste valeur : c’est un public très jeune qui s’est constitué dans les « Manif pour Tous », ils ont entre 18 et 22 ans maximum. C’est un peu nouveau mais encore une fois ils sont une poignée, il ne faudrait pas qu’on leur fasse une publicité qu’ils ne méritent pas. Ils sont actifs en terme de collages d’affiches et leur style vestimentaire n’est pas très éloignés des Néo-Nazis, mais eux sont bien plus « Catho-Tradi à tendance monarchiste », et ce qui va avec c’est à dire aussi Péténistes, Maurassiens, etc … L’Action Française est en réalité le plus vieux groupe d’extrême droite encore actif en France, fondé par Mauras il y a plus d’un siècle. Avec des hauts et des bas … Quand on est groupusculaire, on ne peux qu’augmenter en nombre ! Ils sont dans une optique de création de section dans toute la France, et donc à Rennes, un peu. Comme à Bordeaux ou en Ile de France, ils essaient de remonter des sections avec plus ou moins de succès. Sachant que c’est souvent des lieux ou ils ne risquent pas grand chose, comme à Versailles, Rambouillet, ou des villes comme ça. Comme le quartier Jeanne d’Arc à Rennes.
On peux en parler mais de manière vraiment rapide parce que encore une fois ce serait inutile de faire la pub à un groupe qui est quasiment pas implanté sur Rennes, mais il y a le « MPNA » (Mouvement Populaire Nouvelle Aurore), un truc qui a été crée il y a un an et demi à Marseille par des gens qui se réclament de l’Aube Dorée en Grèce. Un parti Néo-Nazi grec dont les dirigeants sont actuellement en procès et certains en prison. Là, pour le coup, c’est un mouvement clairement Néo-Nazi. On en parle dans notre dossier sur le « Squat de la rue de Chatillon », mais il s’agit principalement d’un seul militant actif à Rennes. Bon, quand je dis « actif », c’est principalement en terme de collage d’affiches … Elles sont vite arrachées parce qu’elles sont si explicitement dégeulasses et racistes, voir parfois carrément à la gloire d’Aube d’Orée, qu’elles ne tiennent pas longtemps dans une grande ville comme Rennes. Et en plus, il colle en sauvage sur des arrêts de bus, du coup c’est la ville qui nettoie tous les matins.
On peux enfin rajouter deux autres composantes à cette « mobilisation » : ce qui reste de la mouvance Identitaire en Bretagne et les footeux, sachant que c’est parfois deux choses qui sont liées. On a d’ailleurs vu Christophe Daniou au premier rassemblement devant le squat. Lui, il est bien connu dans le coin. C’est ironiquement un transfuge du milieu footeux : il était à la base un des fondateurs et leader du « NSG » (New School of Guingamp) qui n’était pas très clean politiquement mais qui était avant tout un truc de footeux, et qu’il a fini par rejoindre le Stade Rennais via les milieux plus ou moins ultra, voir hooligans. Il est passé à l’ennemi en quelque sorte !
En ce qui concerne la dépouille de la mouvance identitaire en Bretagne, elle est quand même bien laminée. Son seul fait d’arme médiatique est d’être sorti en gilets jaunes fluos dans le metro de Rennes à 5h du matin. Sachant que la plupart n’était pas même pas de Rennes. Les rames étaient vides, sur les images ils ont l’air de se demander ce qu’ils foutaient là. Ils ont suivit le chef comme cela se fait classiquement à l’extrême droite … Ceci mis à part, on se demande d’ailleurs s’il n’étaient pas là pour se sécuriser eux-même. De toute façon à part Daniou, plus personne n’a l’air de se revendiquer de la mouvance identitaire à Rennes. Ils ont fait une réunion en septembre pour leurs militants et sympathisants, mais à en juger par l’absence totale de collage ou d’actions politiques, on imagine que cette réunion n’a pas être très productive.
TARANIS : Quelle est l’importance de l’implantation de l’extrême droite dans les tribunes du Stade Rennais ?
S. : À peu près nulle en réalité puisque le principal club de supporters Rennais (le Roazhon Celic Kop), est clairement anti-raciste. Numériquement ils représentent plus de 90% du milieu ultra qui font les déplacements. Les gens qui étaient footeux et qui étaient au rassemblement du 1er mai font partis d’un petit groupe du nom de « Unité Celte », et ils arrivent à mobiliser du monde quand il y a des affrontements entre supporters ultras. Enfin, tout est relatif, il sont entre 20 et 30 au grand maximum.
Encore une fois par rapport au poids numérique des supporters du Stade Rennais qui sont réglos sur les questions de racisme, ils sont vraiment à la marge. Ils n’ont pas leurs entrées au Stade de la route de Lorient, et d’ailleurs la plupart y sont interdits suite à des faits de violences, et regardent de toute façon le match chez eux à la télé ou au PMU du coin. Les performances du club ne sont pas à la hauteur, mais c’est un stade très populaire ou à chaque match il y a quand même entre 15000 et 20000 personnes, c’est à dire le stade complet. Finalement les lieux de sociabilité des ultras footeux d’extrême droite ce sont déplacés dans des bars.
TARANIS : Quels groupuscules n’étant pas venu manifester devant le squat de la rue de Châtillon seraient représentatif de la mouvance d’extrême droite en Bretagne ?
S. : Je vais formuler les choses autrement. Ce qui est plus remarquable, c’est qu’ils sont tous venus et qu’ils aient tous réussis à s’entendre pour une mobilisation soit disant en soutient à Maryvonne, dont à mon avis ils n’ont rien à faire. Ils n’ont aucun points communs entre eux ! S’il s’agissait de parler de leur fond de commerce politique, en théorie ils devraient être en désaccord complet, voir se tapper sur la gueule. Typiquement entre l’Action Française qui se revendique du Roi de France et qui veut rétablir la Monarchie Française, et les Néo-Nazis indépendantistes d’ADSAV, normalement il ne devrait pas y avoir d’entente possible. On a beau prendre le problème sous tous les angles, normalement ce n’est pas compatible !
Tout cela montre deux choses. Je pense que les querelles politiques s’effacent dès lors qu’il s’agit de faire une apparition en groupe dans la rue. Et c’est cela qui compte finalement : réussir à refaire de l’extrême droite Rennaise quelque chose qui soit capable de sortir dans la rue. Ils cherchent à faire preuve d’un peu de « Street-Credibility ».
Et le deuxième truc que ça démontre, c’est leur grande faiblesse. Parce qu’en réalité pour réussir à seulement sortir 30 personnes un 1er Mai, ils doivent ratisser le plus large possible, jusqu’à faire venir des gens des quatre coins de la Bretagne. L’Action Française est allé à Nantes pour trouver des militants pour cette opération, ADSAV a défriché les campagnes du Finistère, ils ont pris quelques chauds du milieu footeux qui étaient disponibles, et les débris de la mouvance identitaire. Tout ça pour arriver à 35 personnes au grand maximum.
Au final, qu’ils parviennent à s’entendre c’est juste la conséquence de leur faiblesse numérique terrible. Là ils étaient 35 participants, donc Ouest France à pu faire un article, mais s’il avaient été 5 ça n’aurait décemment pas pu fonctionner pour un « coup médiatique ».
TARANIS : On sait qu’il y a 70 ans, le 8 mai 1945, il y avait encore des Français dans la « division SS Charlemagne » qui défendaient Berlin contre l’assaut de l’Armée Rouge. Il paraitrait que parmi eux, il y avait des bretons du mouvement ATAO.
S. : Oui c’est de notoriété publique. Franchement et sans te mentir, je ne suis pas hyper-calé en histoire, mais on l’a déjà évoqué dans un dossier du Collectif Antifa Rennais datant de 2008 et disponible sur notre site.
TARANIS : Les membres de Breizh Atao ou d’ADSAV se revendiquent de ces faits encore aujourd’hui ?
S. : Tout à fait. Et c’est pour cela que concernant ATAO et ADSAV, on hésite pas à les qualifier de Néo-Nazis. Contrairement au bloc identitaire qui essaie d’avoir une stratégie ou il apparait « propre » par rapport aux médias, eux n’en ont rien à faire. D’ailleurs ils ne nous ont jamais collé un procès en diffamation pour les avoir qualifié de Néo-Nazis, c’est bien que ça ne les gênent pas plus que ça …
TARANIS : On a vu les dissensions entre l’Action Française et les Néo-Nazis, mais y-a-t-il d’autres tensions entre les différents groupe d’extrême droite en Bretagne ?
S. : Elle n’apparaissent pas forcement à Rennes puisqu’ils sont obligés de s’entendre pour faire un minimum nombre, mais elles existent. Le simple fait que certains Indépendantistes bretons d’extrême droite et membres de « Jeune Bretagne » l’ait quitté pour rejoindre du jour au lendemain la structure nationale du Bloc Identitaire, qui est un mouvement nationaliste Français, ça pose de sérieuses questions sur leur degrés de compréhension de la mécanique politique. Ça va au delà de la porosité idéologique, là. En théorie ce n’est pas compatible d’être pour l’indépendance de la Bretagne d’un coté, et d’être nationaliste français de l’autre. Christophe Daniou a d’ailleurs fait ce trajet en accéléré de « Jeune Bretagne » au « Bloc Identitaire ».
Jeune Bretagne a continué à vivoter à Rennes autour de Yann Vallérie (le webmaster de Breizh Info), mais il a été désavoué par le Bloc Identitaire. En vérité, tout ce pseudo-rattachement à la Bretagne, c’est surtout un vernis pour espérer plaire par exemple à des jeunes en manque de repères et ayant peu de culture politique.
TARANIS : Certes, c’est un peu compliqué. Mais il me semble pourtant que les revendications indépendantistes Bretonnes, c’est plutôt un truc de gauche, non ? Il suffit de voir la dynamique des mouvements comme Breizhistance par exemple.
S. : Je vais me contenter de te parler de ce qui se passe aujourd’hui, parce qu’historiquement c’est beaucoup plus compliqué. Ce qui est sur, c’est qu’à l’heure actuelle les gens qui militent pour l’indépendance de la Bretagne, sauf rares exceptions, sont de gauche au sens large du terme. La mouvance extrémiste de droite pèse d’un très, très, très petit poids dans l’ensemble de la mouvance indépendantiste Bretonne. Historiquement le débat serait plus compliqué, notament par rapport aux évènements historiques que l’on a déjà évoqués sur la seconde guerre mondiale. Dans la plupart des évènements indépendantistes, l’extrême droite n’est carrément pas la bienvenue. Persona non grata comme on dit.
TARANIS : Finalement il n’y a que Christophe Daniou du Bloc Identitaire, et Yann Vallérie de Breizh Info, qui essayent d’être des personnages de l’extrême droite Bretonne ?
S. : Ça serait de toute façon compliqué d’en trouver ne serait-ce que trois. Yann Vallérie on en parle assez longuement dans le dossier sur le Squat de la rue de Châtillon, parce qu’il est visible et ne se cache pas. Il est aussi dans une stratégie de dédiabolisation via sa pseudo agence de presse. Daniou quant à lui est bien repéré à Rennes, d’autant plus qu’il était sur la liste FN des dernières élections municipales de mars 2014. J’ai beau chercher, je ne vois pas qui pourrait faire office de troisième personne.
TARANIS : Quels sont les liens entre le Front National et ces groupes ? Ont-ils réussit à les ramener dans le giron du parti, ou cherchent-ils à le faire ?
S. : Le FN a toujours eu besoin de ces gens là. On l’a bien vu lors de la mobilisation contre un meeting de l’extrême droite qui se tenait dans salle de la Cité à Rennes en février 2014. Pour les missions ingrates comme le service d’ordre : soit ils font venir des gens du DPS de toute la France, soit ils sont bien obligés de s’appuyer sur des radicaux locaux, sinon ils ne vont pas réussir leur meeting. C’est exactement ce que l’on a vu lors de celui à la salle de la Cité, ce qui était d’ailleurs une véritable provocation.
Les gens qu’on avait repéré dans le service d’ordre étaient clairement des gens qui ne sont pas du FN, mais dont le FN, localement, avait besoin. Sans eux et sans l’aide de la Police, ce meeting n’aurait jamais pu se dérouler un samedi soir en plein centre ville de Rennes et à 100m de la « Rue de la Soif » … Une magnifique collaboration entre la Police et le service d’ordre du Front National ! Tout cela montre que le FN n’a même pas les moyens militants d’assurer la sécurité de ses évènements en Bretagne. Et finalement, il y a aussi des gens aux stratégies personnelles, qui pensent tout simplement au FN pour faire carrière politique plutôt qu’à des groupuscules locaux.
TARANIS : Ils n’ont pas réussit à s’appuyer sur ces éléments locaux pour lancer des sections locales du Front National ?
S. : Pour ce qui est de l’implantation locale du FN, il faut dire ce qui est : elle est nulle. Ils n’ont aucun moyen militant sur Rennes. Et on peux quasiment étendre le constat à toute la Bretagne. Les « militants FN types » en Bretagne sont des personnes âgées, et du coup, c’est beaucoup moins des militants que des adhérents. Ils sont adhérents dans le sens ou ils paient leurs cartes, mais ce n’est pas des militants dans le sens ou il vont prendre des risques sur le terrain. Un militant FN à Rennes, je ne sais même pas si j’en ai déjà vu un. De toute façon les scores électoraux à Rennes montrent bien l’absence totale de leur implantation dans la ville.
Il faut quand même dire que le FN n’a pas forcement besoin d’implantation locale pour faire de bons scores, parce que les médias les aident bien au niveau national. Je pense notament à BFMTV dont le temps de parole accordé au Front National est quand même proprement hallucinant. D’ailleurs ils ont été rappelés à l’ordre par le CSA pour un traitement tout à fait inégalitaire de l’information, puisqu’ils accordaient plus de temps de parole au FN, qu’à l’UMP et au PS réunis ! Tout cela explique que le FN a presque moitié moins de militants que dans ses grandes heures des années 90, alors qu’en terme de poids électoral il se maintient au même nombre de voix.
TARANIS : Le Front National serait donc une illusion de communication ?
S. : On voit bien qu’ils n’ont pas assez de militants. Le 1er mai du FN à Paris, ils étaient 4000 personnes … et selon les chiffres du FN ! Tout cela est une illusion, ils sont censés faire venir des cars de militants de toute la France, et ils sont 4000 ?! Pour autant on ne peut nier que les scores du FN en ce moment sont plutôt bons. Les médias roulent tellement pour eux. Tout cela brise au passage le mythe du FN comme « parti anti-système », mythe que le FN aime pourtant bien mettre en avant. Quand tu regardes BFMTV, tu comprends que le FN n’est pas un parti anti-système, sinon il n’aurait pas autant de temps de parole.
TARANIS : Depuis combien de temps le Collectif Antifasciste Rennais existe ?
S. : Ça doit faire 8 ans environ. Aux alentours des années post-CPE. Je crois que les premiers articles sur le site datent de 2008.
TARANIS : Ces dernières années, quels lieux ont été « attaqués » par l’extrême droite à Rennes ?
S. : Récemment on a eu le Squat de la rue de Châtillon, l’attaque du camp de migrants à Cleunay en septembre dernier, la tentative d’attaque du grand squat de Pacé en 2013 … Et puis il y a eu la Librairie « _La Commune _» de la Fédération Anarchiste qui a été attaqué par des jeunes militants de l’Action Française, en pleine journée tranquille, vers 17h. Et à part ça il y a des problèmes de temps en temps devant des bars qui sont considérés, à tords ou à raison, comme d’extrême gauche. Ça arrive de temps en temps.
TARANIS : La Police a-t-elle déjà enquêté sur ces faits et les éventuelles agressions de personnes qui y sont liées ?
S. : À notre connaissance, aucun des faits en question n’a jamais abouti à des condamnations. Il y a eu parfois des enquêtes puisqu’il y a eu des dépôts de plaintes, mais ça n’est jamais arrivé au tribunal. Pas de gardes à vues, pas d’audiences, pas d’appels, rien. J’ai beau chercher, je ne me souviens pas d’une seule condamnation.
TARANIS : Entre la réponse judiciaire aux actions de l’extrême gauche à Rennes ou à Nantes, et celles de l’extrême droite, il y a une différence ?
S. : Alors là oui, ça c’est sur ! Encore une fois, contrairement à l’image anti-système qu’ils aiment renvoyer, en réalité on ne peux pas dire qu’ils soient beaucoup embêtés par le système en général, ni par la Police, ni par la Justice. Et les rares militants d’extrême droite qui ont milité à Rennes et fait des actions violentes jusqu’à gouter aux joies de la prison, ils ont fait des trucs particulièrement grave pour y aller. Pas forcement sur Rennes et souvent pour des faits anciens, mais c’est pas des histoires de baston avec deux trois gauchos.
TARANIS : Comment tu vois l’avenir de l’implantation de l’extrême droite en Bretagne ? Est-ce qu’elle est dans une dynamique de développement, ou est-ce qu’elle est dans une dynamique de régression ?
S. : Je vais me contenter de ce que l’on dit dans notre dernier dossier en date, et aussi dans celui sur Génération Identitaire. Concrètement chez ADSAV, les effectifs stagnent depuis sa création à 20 ou 30 personnes. Ils ont atteint une sorte de seuil dans la mesure ou ils ne peuvent recruter que des gens qui leur ressemblent, c’est à dire des skinheads Néo-Nazis. Ça n’augmente pas mais ça ne diminue pas à notre connaissance.
Pour ce qui est de la mouvance Identitaire, elle est moins bien implantée qu’avant. Justement suite à la scission « Jeune Bretagne » et « Génération Identitaire Rennes », les effectifs ont fondus comme neige au soleil. Ça n’existe presque plus, ni à Rennes ni ailleurs en Bretagne.
La seule petite nouveauté mais encore une fois sans vouloir leur faire trop de publicité, c’est l’« Action Française » dans le sens ou c’est jeune et ou il s’agit de nouveaux militants. Sans vouloir faire dans l’anticléricalisme, on n’a pas encore identifié leur point de rassemblement, mais à mon avis c’est dans une église !
En tout cas c’est là qu’ils se sont connus. C’est un tout petit milieu et puis ce sont des gens qui ont beaucoup de noms à particules, il y a une endogamie assez forte dans ces milieux. Je pense que c’est des amis d’enfance, à mon avis ils ont du se connaitre au parc du Thabor de Rennes quand ils avaient 4 ans.
TARANIS : As-tu quelque chose à ajouter ?
S. : Je pense qu’il faut en remettre une couche sur Breizh Info. Le travail lui avait été maché par Ouest France et ses premiers articles ne font que reprendre les informations du journal. Yann Vallérie prétend a une espèce de respectabilité cachée derrière le paravent d’une fausse agence de presse, il faut quand même insister sur le fait que c’est clairement une structure d’extrême droite. Ce n’est pas une agence de presse en ligne, ce n’est pas « le média en ligne qui ne ferait pas de politique ». C’est un truc fondé par un gars qui ne parle des faits divers que dans la mesure ou il y a une récupération xénophobe ou raciste qui peut en être faite, sinon ça ne l’intéresse pas. Il suffit d’ailleurs de lire l’intitulé des catégories, qui montrent bien l’orientation globale du site.
Il faut casser cette prétention à la respectabilité. Yann Vallérie est quelqu’un qui est parti lié avec l’extrême droite en Bretagne depuis toujours, il est passé par ADSAV au début, après il est allé à « Jeune Bretagne », et maintenant il est retrourné à ADSAV. C’est clair, il est lié à l’extrême droite la plus radicale, et la plus à droite du Front National. Il ne faut pas être dupe de la présentation de ce site qui laisse à croire que c’est juste un site d’information, alors que c’est un site de propagande d’extrême droite.
TARANIS : Après l’article sur l’attaque du camp de migrants, j’avais eu affaire à Breizh Atao. Sont-ils liés à ADSAV ou à Yann Vallérie ?
S. : Il n’y a qu’un seul contributeur à Breizh Atao et c’est Boris Le Lay. Pour le coup, les références au 3e Reich et à la division SS Charlemagne, aux Triskèls et autres joyeusetés néo-nazis y sont légions. Là ou Breizh Info prétend la respectabilité, Breizh Atao n’en a strictement rien à foutre. Boris Le Lay a aussi été condamné à de multiples reprises. Il y a des contenus d’articles qui sont clairement racistes, antisémites, xénophobes, etc … On a affaire ici à un bel exemple de Crypto-Fascisme.
TARANIS : Est-ce qu’il manque d’autres groupes « néo-nazis » à cette étrange liste ?
S. : Non je ne crois pas. Et non seulement il ne nous en manque pas, mais encore une fois, on leur a consacré beaucoup de temps. Non seulement on a fait le tour, mais de manière trop exhaustive pour ce qu’ils pèsent réellement.
Gaspard GLANZ