Lettre ouverte au procureur de la République de Nantes
Lettre recommandée avec accusé de réception.
Copie au Procureur de la République de Rennes
Copie au Club de la Presse de Rennes
Copie au Syndicat National des Journalistes
Copie mise au service de la presse
Rennes, le 5 Novembre 2014
Monsieur le Procureur de la République de Nantes,
Bonjour,
Je m’appelle Gaspard GLANZ et je réside à Rennes. Je suis né à Strasbourg le 22 Avril 1987. Ma profession est journaliste. Je suis le co-fondateur et le gérant de la société Taranis (RCS de Rennes), propriétaire et principal contributeur du site TaranisNews.com. Mon casier judiciaire est vierge.
J’étais à Nantes le Samedi 1er Novembre 2014 en ma qualité de Journaliste Reporter d’Images (JRI), en mission pour ma société de production mais également sous contrat pour les médias français « Rue89 » et « France2 », ainsi que pour l’agence de presse internationale « Ruptly », basée à Berlin.
C’est dans l’exercice de mes fonctions et lors de la manifestation en hommage à la mort de Rémi Fraisse, à Nantes, ce même 1er novembre 2014, que j’ai reçu un projectile de type Flashball dans le pied. Plus précisément, il s’agit du projectile du Lanceur de Balles de Défenses dit « LBD » d’un calibre de 40mm. Ce tir a atteint mon pied gauche au niveau de l’os cuboïde à une distance d’approximativement 100 mètres, entrainant une forte inflammation mais sans fracture ni luxation des tendons adjacents.
Il est a noté que vu ma position « un genou à terre » au moment de l’impact, si le projectile n’avait pas subit la chute balistique vers le sol due à la distance d’approximativement 100m entre le tireur et moi, il m’aurait très probablement touché au niveau du ventre ou de la tête. C’est précisément ce que ce l’ont voit de la trajectoire balistique du projectile sur les images filmées au ralenti, dans la séquences qui sera déposée à votre demande comme pièce à conviction éventuelle au dossier.
Il était 19h13. Le tir est parti du quai et m’a atteint en plein milieu de la ligne de tram à l’arrêt du « Cour des cinquante otages », et comme le montre les images que nous avons tournées et publié sur internet ( https:// www.youtube.com/watch?v=CTAiw9ub2oo ) précédemment et au moment de l’impact, il n’y avait à ce moment aucune raison particulière pour que l’officier pratique ce tir en ma direction.
Il s’agit d’un tir sur un journaliste disposant d’un casque siglé « TV » (aisément visible à cette distance par le viseur d’un « LBD »), caméra au point. J’étais par ailleurs venu m’identifier spécialement auprès du commandement central de la gendarmerie situé derrière la préfecture de Nantes, et ce avant le départ de la manifestation dès 13h, afin de me faire connaitre des forces de l’ordre et d’éviter d’être pris pour cible par mégarde.
Il est à noter qu’à l’occasion de la manifestation du 22 février 2014 à Nantes, j’avais déjà subit l’explosion d’une grenade de type « désencerclement » ou « Dipositif Balistique de Dispersion » (DBD) entre les jambes, hors du cadre d’utilisation légal de cette arme par les forces de l’ordre déployés. Cette explosion avait projeté trois éclats, dont la douille en métal de la grenade contre mes jambes. En plus des déchirures de la peau entrainés par l’onde de choc de l’explosion, provoquant des blessures importantes et ouvertes, ces éclats ont entrainés des brûlures au deuxième et troisième degrés qui ont mis trois semaines à cicatriser. Ces blessures ont nécessités une prise en charge immédiate par le service des urgences du CHU de Nantes, et comme cela est indiqué sur le relevé du médecin légiste, ont entrainés un certains nombres de journées d’arrêts et d’incapacité de travail (supérieur à 10 jours).
Il s’agit de faits pour lesquels j’ai également déposé plainte auprès du procureur de la république de Rennes en février 2014, qui m’a transféré à votre parquet, qui m’a lui même redirigé vers les services de l’Inspection Général des Services (IGS) de Rennes, qui m’ont eux même auditionné au printemps 2014.
Je n’ai pas eu de nouvelle de cette enquête depuis cette audition.
– Vu que les faits ce sont produits dans le cadre de mon activité de Journaliste,
– Vu que le tir semble sans peu de doute possible me viser personnellement,
– Vu qu’il s’agit de la deuxième fois en six mois que je suis amené à être blessé par les forces de l’ordre à Nantes dans l’exercice de mes fonctions, et à être amener à faire appel à la justice pour obtenir réparation du préjudice subit,
Je souhaite par la présente vous solliciter à ouvrir une enquête sur les faits du 1er Novembre 2014, en la confiant si possible à des juges d’instruction indépendants.
Je souhaite par la présente déposer plainte contre X pour « violence volontaire avec arme », « complicité de violence volontaire », avec la double circonstance aggravante qu’elle a été commise par « un ou des fonctionnaires en charge de l’autorité publique », dans « l’intention de provoquer une mutilation permanente », passible de la Cour d’Assises.
Je souhaite recommander, à titre provisoire et afin de prévenir toute destruction, dissimulation ou altération des preuves nécessaires à la justice :
– que soit saisit les PV de tir censés avoir été rédigés par la police (ou autre corps de force de l’ordre déployé : Gendarmerie, CDI, BAC, CRS, etc…)
– que soit saisit les traces photos et vidéo des forces de l’ordre, y compris celles de l’hélicoptère de la gendarmerie qui survolait la zone au moment du tir
– que soit saisit les documents comptables (entrées-sorties) en munitions des armureries concernés, les dotations, les habilitations à tirer, les formations suivies, etc …
– que soit ordonné une visite chez un médecin légiste pour faire constater mes blessures
– mettre à votre disposition (image par image) la vidéo que j’ai moi même tourné avec ma caméra, et qui permet d’identifier le tireur de la grenade, ainsi que la section à laquelle il appartient.
Veuillez accepter, Monsieur, mes salutations distinguées.
Cordialement,
Gaspard GLANZ