[DOSSIER] MANUEL DE SURVIE DU JOURNALISTE REPORTER D’IMAGES EN MANIFESTATION

[— Article mis à jour à trois reprises : en octobre 2015, avril 2017 et mars 2023 —]


INTRODUCTION


Journaliste Reporter d’Images (JRI) en France est en majorité un métier assez ennuyeux, chronophage et peu rémunérateur, quand il n’est pas à la limite de la précarité. Afin de répondre à ce problème, nombre de JRI se spécialisent dans des domaines particuliers (faits divers, hard news, documentaires, people, TV mainstream, studio, reportages sur les animaux, spécialités sécurité ou défense, politique ou sociale …), afin de devenir des interlocuteurs privilégiés dans un domaine de compétence bien défini. Ainsi ont-ils plus de chance d’être appelés à couvrir des sujets dont ils possèdent déjà les réseaux et les contacts, et dont ils maîtriseront les usages sur le terrain.

Certains JRI sont spécialisés dans la couverture des évènements sociaux comme les manifestations, les actions syndicales, ouvrières ou étudiantes, l’évacuation des squats, les mouvements « underground » qu’ils soient culturels ou politiques. C’est probablement une spécificité Française forgée par l’histoire, car nous sommes un pays ou l’expression des revendications sociales est plus visible qu’ailleurs dans le paysage urbain. Forcement, ces mêmes Journalistes Reporters d’Images se retrouvent à côtoyer les forces de Police en opération, elles qui préfèrent la discrétion lors de leurs actions musclées. Parfois même, ce sont des manifestants qui sont hostiles à leur présence. Et cela ne se passe pas toujours bien ni avec les uns, ni avec les autres.

Les risques sont multiples : destruction d’un matériel très couteux, blessures corporelles parfois graves, intoxication chronique aux gaz lacrymogènes, stupides accidents comme des chutes sur des débris de verre, des rebonds de projectiles ou des surdités temporaires … Il arrive même que certains développent des symptômes de Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT). Entendons-nous bien : il est impossible de comparer le « Journalisme de Guerre » à celui de manifestation, quand bien même celles-ci « virent à l’insurrection ». Mais certains contextes de tensions, en particulier lors de la présence de blessés graves ou d’un sentiment « d’enfermement », lorsque l’on sent que sa vie est mise danger ; Bien qu’ils soient de beaucoup plus courte durée en manifestation que sur les zones de conflits, peuvent parfois produire les mêmes effets à force de répétition.

On sait qu’en cas d’opération des forces anti-émeutes Françaises, la Police retarde le passage des secours (pompiers ou ambulances) appelés par les manifestants. C’est un fait qui a été observé par nos équipes à de nombreuses reprises dans tout le pays et qui est rapporté par des nombreux témoignages. Il est donc nécessaire de s’assurer d’abord de ne pas être blessé, et ensuite d’avoir à sa disposition le minimum d’équipements de secours afin d’éviter d’aggraver ses blessures, en attendant de pouvoir consulter une équipe médicale. Ce qui peut parfois prendre du temps.

Les manifestants ont largement recours aux « Street Medics » pour pallier à ce problème, mais aussi pour éviter d’être arrêtés à la sortie de l’Hôpital (ce qui est également un fait vu et rapporté). Malheureusement ces équipes ne sont en général pas composées d’assez de membres, leur équipements est souvent insuffisant, leur formation fait parfois défaut et ils sont des cibles comme les autres manifestants. En cas de violences durant plusieurs heures, ils sont aussi débordés par l’afflux de blessés. Il est donc plus que nécessaire de disposer de son propre équipement de secours, selon les usages de chacun et du degrés de dangerosité de l’évènement à couvrir.


Reportage sur les « Street Medics » à Rennes, mobilisation contre la Loi Travail (Printemps 2016)

Il peut-être utile de connaitre les doctrines et les procédures d’actions, ainsi que les armements de l’une et de l’autre des parties en présence. Pour ce faire on ne peut que conseiller la lecture des rapports de l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale (IGGN) et de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) publiés suite à la mort de Rémi Fraisse. Nous republions d’ailleurs ici l’intégralité des échanges en vidéo de la commission d’enquête parlementaire suite à la mort de Rémi Fraisse sur la ZAD de Sivens. Vous pouvez enfin lire le rapport de cette commission sur le site de l’assemblée nationale.


Commission d’enquête parlementaire sur le maintien de l’ordre : Session n°11 « Auditions Diverses » (2015)

En ce qui concerne les manifestants cela dépend beaucoup du type d’action et des acteurs concernés. On constate la diffusion de la part des « Legal Teams » de « manuels de garde à vue » ou autres « conseils juridiques en cas d’arrestations en manifestation ». Ceux-ci se diffusent largement depuis le « Contre-Sommet de l’Otan à Strasbourg » en avril 2009, lorsque des militants anti-capitalistes de plusieurs pays ont partagés leurs connaissances et leurs méthodes d’actions sur le terrain. La présence de Legal Teams et de Medical Team est internationalement un signe d’anticipation d’affrontements entre manifestants et forces anti-émeutes.

 

CHAPITRE 1 : Tout citoyen a le droit de filmer et de diffuser des images de la Police

Il faut savoir qu’il est parfaitement légal de filmer les forces de l’ordre en tant que citoyen et pas seulement en tant que journaliste (c’est donc bien un droit valable pour tous, carte de presse ou non). La jurisprudence en la matière est parfaitement claire, elle date de 2006 et elle a été confirmée en 2008 par le Directeur Général de la Police Nationale, le « DGPN » (Direction de la Police Nationale n°2008_8433_0 du 23 décembre 2008, à l’intention du Ministère de l’Intérieur et des Préfets) :

La formule est même encadrée et écrite en gras : « Les policiers ne bénéficient pas de protection particulière en matière de droit à l’image, hormis lorsqu’ils sont affectés dans les services d’intervention, de lutte anti-terroriste et de contre-espionnage spécifiquement énumérés dans un arrêté ministériel [comme le GIGN, le GIPN, la BRI …] et hormis les cas de publications d’une diffamation ou d’une injure à raison de leurs fonction ou de leur qualité. ».

À la ligne, « La liberté d’information, qu’elle soit le fait de la presse ou d’un simple particulier, prime le droit au respect de l’image ou de la vie privée dès lors que cette liberté n’est pas dévoyée par une atteinte à la dignité de la personne ou au secret de l’enquête ou de l’instruction ».

Le plus intéressant se trouve ici (encore en gras dans le texte) : « Les policiers ne peuvent donc s’opposer à l’enregistrement de leur image lorsqu’ils effectuent une mission. Il est exclu d’interpeller pour cette raison la personne effectuant l’enregistrement, de lui retirer son matériel ou de détruire l’enregistrement ou son support. Ils ne peuvent par ailleurs s’opposer à l’éventuelle diffusion de cet enregistrement que dans certaines circonstances particulières : une telle action exposerait son auteur à des poursuites disciplinaires et judiciaires ».

La précision tient en une phrase : « La publication ou la diffusion des images et des sons peut être réalisée par tout moyen et être le fait tant de la presse que d’un particulier. »

Voici les seules exceptions à cette règle : « Outre l’article 226-1 du code pénal déjà cité, il s’agit de certaines dispositions protégeants l’image de personnes qui pourraient être représentées de manière attentatoire à leur intégrité :

– victimes d’un crime ou d’un délit ;

– « personne identifiée ou identifiable mise en cause à l’occasion d’une procédure pénale mais n’ayant pas fait l’objet d’un jugement de condamnation », lorsque l’image fait apparaitre, « soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu’elle est placée en détention provisoire » (article 35 ter de la loi du 29/07/1881 sur la liberté de la presse) ».

Autre précision, et elle est d’importance : « Bien qu’il n’existe aucune contrainte légale en la matière, les policiers peuvent indiquer aux individus qui prennent leur image de rendre, au moyen de procédés techniques de type « floutage », leur visage non reconnaissable avant diffusion […] ».

Enfin : « Les policiers appartenant aux services d’intervention, de lutte anti-terroriste et de contre-espionnage limitativement énumérés dans l’arrêté du 27 juin 2008 relatif au respect de l’anonymat de certains fonctionnaires de police bénéficient de la garantie de leur anonymat, en application de l’article 39 sexies de la loi du 29 juillet 1881. » Le Directeur Général de la Police Nationale (DGPN) termine la note par ces mots : « Je tiens à ce que toute infraction fasse l’objet de poursuites », ainsi que « en tout état de cause, tout enregistrement connu d’images ou de paroles de fonctionnaires de police dans l’exercice, au sujet de l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions devra faire dès que possible l’objet d’une information de leur hiérarchie ».

Vous avez donc parfaitement le droit de filmer des forces de police en opération à condition de respecter ces règles simples, qui pour la plupart ne concernent jamais les forces anti-émeutes. On y croise en effet rarement le GIGN, la BRI ou les services de contre-espionnage.

NOTE : Le 25 Avril 2017 un MEMO interne adressé à l’ensemble des policiers de France que nous nous sommes procurés, fait office de rappel (et de confirmation), en une page, de toutes ces informations.

On y trouve la confirmation qu’entre 2008 et 2017 : les règles relevant du droit à l’image des policiers n’auront pas changées d’un iota ; Instauration ou prolongations de l’état d’urgence n’y auront donc rien changé.

La conclusion à l’adresse des forces de l’ordre est résumée en gras : « Ce qu’il faut savoir : Non ! Je ne peux pas interdire qu’on me filme sur la voie publique » […] « Je dois accepter de travailler en état filmé sur la voie publique. M’y opposer revient à m’exposer pénalement et/ou disciplinairement. »

CHAPITRE 2 : L’équipement de protection corporelle

– Le casque :

C’est l’élément le plus important en manifestation : la quasi-totalité des projectiles tombent du ciel (pavés, fusées, palets de grenades lacrymogènes, grenades assourdissantes, cocktails molotovs …) et nécessitent de se protéger autant des chocs que des risques d’inflammation. Cela va du casque de « skate » ou de « snowboarder », au casque pare-balles en kevlar, en passant par le casque de moto (selon les usages). Il est conseillé de mettre un bonnet de fine épaisseur en dessous du casque, pour amortir davantage les chocs avec des pierres.

LES pantalons :

Le meilleur et probablement le seul moyen de se protéger (à minima) des éclats plastifiés et métalliques accompagnant les explosions de grenades assourdissantes et désencerclantes, c’est la présence de deux pantalons épais. Les éclats auront assez d’énergie pour traverser le premier, mais probalement pas le deuxième, ce qui provoquera des « blessures d’impact » (des bleus), mais moins de « perforations sous-cutanés » (des trous). Préférez les pantalons larges pour ne pas entraver votre mobilité.

Les chaussures :

Il est important de trouver un équilibre entre protection, poids et vitesse de déplacement ; C’est à dire un ersatz entre une paire de Rangers et une de Nike… L’idéal en milieu urbain est de disposer de chaussures de sport en cuir, seul matériau capable de réduire les pénétrations d’éclats et les fractures provoqués par les impacts de Flashballs ou de LBD. Sachant qu’il faut pouvoir courir vite et longtemps, tout en portant une charge sur le dos : si le terrain est plus rural et surtout humide, il faut préférer des chaussures faites pour la randonnée.

Le visage :

Malgré le masque à gaz (ou « anti-solvant » pour une protection de 80%), la paire de lunettes de protection, de ski ou de snowboard (ce qui est beaucoup mieux que les lunettes de plongée en matière de champ de vision).

Les masques de norme ABEK1P3 sont le meilleur de ce qu’il se fait en matière de lutte contre les gazs lacrymogènes. On peut en trouver sous plusieurs marques dans les magasins de bricolages de toutes les grandes villes.

Le dos étant protégé par le sac et la face avant par plusieurs couches de vêtements, le visage reste la zone la plus exposée du corps, et il est principalement atteint par des projectiles de type Flashball, LBD ou des coups de matraques (parfois même des éclats de grenades). Il n’y a aucun autre conseil à donner en la matière que : évitez de vous retrouver dans ces situations. Et si c’est malheureusement le cas, retournez-vous pour que les coups frappent votre sac, votre casque ou vos jambes ; Plutôt que votre visage ou vos mains.

 

– Le sac :

Le sac d’équipement possède une triple fonction : c’est le support du matériel de tournage, un bouclier de protection contre les projections venant de l’arrière et une micro base de vie. Il doit être confortable, mais ferme afin de bien protéger le matériel contre d’éventuels chocs importants, des chutes ou des bousculades. Il doit être « water-proof » dans la mesure du possible, ou du moins capable de rester sec à l’intérieur par tous les temps.

Le sac d’équipement est une micro base de vie qui contient le matériel de tournage (caméras, appareils photos, batteries, adaptateurs, pieds, câbles, systèmes de transmission des données …), la trousse de secours, les vivres (eau et nourriture hyper-glucidique comme des barres de céréales ou du lait concentré), les équipements de protection lorsqu’ils ne sont pas utilisés, ainsi que les équipements météo (couverture plastique anti-pluie, coques étanches, gants, lunettes de soleil …). Il faut prendre garde à ne pas trop surcharger son dos en cas d’évènements long de plusieurs kilomètres, présentant un dénivelé important ou s’étalant sur de longues heures à plusieurs jours.


CHAPITRE 3 : La trousse de secours

Les indispensables :

(Attention : la personne qui rédige cet article n’est pas diplômée en médecine et il ne s’agit en aucun cas d’une quelconque forme de « prescription ». Demandez l’avis à votre médecin et/ou à votre pharmacien. Ne pas pratiquer l’auto-médication.)

Le minimum à transporter pour parer aux situations les plus graves (en attendant de pouvoir se rendre à l’hôpital ou chez un médecin), c’est le désinfectant (le plus efficace étant la Bétadine mais attention car il existe des personnes allergiques à l’iode !), les bandages et les compresses, ainsi que les fioles de « lavage ophtalmique » contre le lacrymogène. À ne pas confondre avec le « sérum physiologique » qui est beaucoup moins efficace.

L’intégralité de ces composants sont en vente libre dans toutes les pharmacies.

Bétadine à 10% (désinfecte la plupart des plaies pour 24h à 48h). Verser des gouttes sur une compresse stérile avant de l’appliquer sur la plaie. S’il s’agit d’une plaie de type « peau déchirée » ou avec des éclats en surface : ne pas hésiter à tamponner avec la compresse imprégnée, même si c’est affreusement désagréable. Moins vous perdez du temps à désinfecter une plaie et moins la cicatrice sera importante (et moche) à terme.

Bétadine à 5% (désinfecte les plaies plus « sensibles » ou les brûlures). Il existe également de la Bétadine verte pour les muqueuses (pour les plaies dans la bouche par exemple). C’est la même méthode que pour la Bétadine à 10%, sauf pour les brulures ou il faut « tamponner » plutôt que « frotter » la plaie.

Nettoyant ophtalmique 10ml de type « Dacudose » (le double de la contenance classiquement vendue). La méthode d’utilisation est simple puisqu’il faut mettre la tête en arrière, garder les yeux ouverts (autant que possible) et vider intégralement le contenu de la fiole en appuyant fortement dessus, l’embout à 10cm du visage. Le produit ne vas pas « neutraliser le gaz » : il se contente de le sortir des yeux et de le diluer sur le visage, d’ou l’importance d’avoir la tête en arrière au moment de la manoeuvre ! On peut se servir de ce produit pour se rincer le reste du visage ou l’intérieur du nez. Enfin, n’oubliez pas de ne jamais porter vos mains/doigts au visage en cas de contamination au gaz lacrymogènes : c’est le meilleur moyen d’aggraver votre situation. 

Compresse carrée de 20cm : la plus polyvalente et facile à transporter. Permet de stopper une hémorragie, de désinfecter une plaie ou de faire un pansement.

Pour le traitement des brûlures : la gaze à la paraffine se place directement sur la plaie, sous la compresse imprégnée de Bétadine elle même entourée par la bande de Velpeau. Ce pansement est à changer au bout de 48h maximum et il permet à la brûlure de ne pas sécher en attendant.

Le Velpeau crêpe permet « d’emballer » les compresses et le désinfectant, afin d’isoler les plaies de l’exterieur tout en laissant une relative liberté de mouvement.

Afin de fixer les bandes Velpeau et les compressses, il est plus pratique de disposer de scotch médical prédécoupé.

Une personne blessée au visage par l’éclat d’une grenade de désencerclement, lors de l’évacuation de la place de la République la nuit du 28 avril 2016 à Paris (Photo : Simon Guillemin)

Les options :

Lorsqu’un Flashball ou un LBD sont utilisés, la plupart des blessures sont des hématomes, les autres sont des blessures ouvertes. Pour le premier cas l’idéal est de disposer d’une mini « bombe refroidissante-crépitante à l’arnica » à appliquer immédiatement et abondamment sur la zone d’impact. Cela ralentira la progression de l’hémorragie sous-cutanée (la propagation du sang sous la peau) et atténuera momentanément la douleur.

Pour les blessures ouvertes il est préférable de disposer de « sterilstrips » afin de renforcer les compresses pour refermer des plaies qui doivent plus tard être soignées par des points de suture. Il faut dans ces cas là souvent disposer d’une certaine quantité de compresses pour éventuellement éponger du sang.

La bombe refroidissante-crépitante à l’arnica peut littéralement endormir une douleur pendant les premières minutes après l’impact. Il est aussi possible de s’en servir sur les personnes en état de choc ou en hyperthermie, en leur appliquant le gel dans le cou et sur le torse afin de les refroidir brutalement. Cela permet à certaines personnes de reprendre conscience ou simplement leurs esprits après un choc traumatique. 
Les stérilstrips sont utilisés pour refermer des plaies profondes, des coupures linéaires, ou pour aider à compresser des vaisseaux perforés par des éclats… en attendant la mise en place de points de sutures qui ne peuvent se faire que par des médecins et dans un environnement stérile. 

[DOSSIER] ENCYCLOPÉDIE DES VIOLENCES POLICIÈRES : Les grenades de désencerclement

Lors de l’explosion des grenades assourdissantes ou désencerclantes à coutre distance, de micro-fragments de plastique et de métal chauffés à haute température, disposant d’une forte énergie cinétique, sont capable de pénétrer la peau et les organes internes des zones mal protégées du corps humain.

Un manifestant blessés par les éclats d’une grenade assourdissante sur la ZAD de Notre Dame des Landes en 2012.

Bien que ce genre d’opérations soient hautement déconseillée sur des terrains non-stériles, il est parfois nécessaire de disposer d’une pince à épiler pour aller chercher les fragments sous-cutanés dans les minutes, après une désinfection locale à la Bétadine. Le problème étant qu’attendre plusieurs heures pour faire cela risque de compliquer l’opération, car la cicatrisation des plaies est alors souvent déjà effective en surface.

Les options « hardcore » :

Pour les évènements les plus « chauds » et potentiellement durables (ou simplement éloignés des services de santé), il est conseillé de disposer de médicaments d’urgence dans sa trousse à pharmacie. Dans l’ordre de priorité : anti-douleurs, anti-inflammatoires, anti-biotiques, antidotes, molécules servant à la prévention des dommages corporels et produits dopants. (Attention : la personne qui rédige cet article n’est pas diplômée en médecine et il ne s’agit en aucun cas d’une quelconque forme de « prescription ». Demandez l’avis à votre pharmacien et/ou celui de votre médecin avant de consommer des médicaments. Ne pas pratiquer l’auto-médication.).

Antidouleurs : Paracétamol (En vente libre)

Anti-Inflammatoires : Les anti-inflammatoires ne sont à priori qu’à utiliser en post-traitement des blessures, car les consommer « préventivement » ou suite à des blessures non cicatrisées augmente la fluidité du sang, et donc le temps de cicatrisation et le risque d’hémorragie de celles-ci.

Antibiotiques : Les antibiotiques à large spectre, principalement l’Amoxiciline sont bien connus des voyageurs. (Souvent un traitement de sept jours : uniquement pour les risques de surinfections). Exemple d’utilisation : retraits d’éclats ou de fragments sous-cutanés dans une zone non-stérile et/ou l’accès aux soins n’est pas possible pendant plusieurs jours. (Attention aux personnes allergiques. Encore une fois : ne pas pratiquer l’auto-médication.)

Antidotes : Pastilles de traitement de l’eau (pour les déplacements de plusieurs jours dans des endroits ou boire l’eau d’un ruisseau s’avère nécessaire).

Produits dopants : Dans les cas extrêmes, lorsqu’un tournage dure plus longtemps que prévu et nécessitant une vigilance particulière dans un contexte compliqué, particulièrement lorsque la nuit se met à tomber après plusieurs heures d’affrontements, il peut-être nécessaire de recourir à des « produits améliorant momentanément l’endurance et la vigilance ».

Certains sont en vente libre comme la Caféine, le Guarana, et d’autres … Ces produits permettent de supprimer les sensations de fatigue, de faim et de froid : mais leur consommation nécessite de disposer d’une bonne réserve d’eau pour éviter la déshydratation qu’ils provoquent. Ainsi que d’une période de récupération équivalente au triple du temps passé sous leur influence, sous peine d’épuisement.

 

Les StreetMedics traitent des blessés à même la route durant la manifestation du 15 juin 2016 à Paris (Photo : Pierre Gautheron)

CHAPITRE 4 : Remarques générales

 

– Prévention des blessures graves :

C’est connu depuis la première guerre mondiale : il est déconseillé de manger dans les cinq à six heures précédent un risque de blessures au ventre. Cela évite au système digestif d’être en activité, gorgé de sang. Une simple tranche de pain suffit à provoquer ce phénomène. L’idéal étant de manger vers 10h du matin lorsqu’une manifestation a des risques de dégénérer vers 16h. Enfin, pour pallier au manque de nutriments pendant cette période, il est préférable de bien se nourrir (en quantité) dans les jours précédent celle-ci, et de manger diversifié (fruits, légumes verts, sucres lents, protéines, lipides …).

 

– Toujours avoir les yeux ouverts :

Les projectiles arrivent du dessus, de devant mais aussi de derrière, les manifestants n’étant pas tous de bons tireurs et tous les policiers armés ne respectant pas les procédures légales de tirs (lancements tendus de grenades lacrymogènes et impacts de Flashballs/LBD dans les visages). Il peut arriver de se prendre des « palets lacrymogènes » lancés par les manifestants vers les forces de l’ordre, des « rebonds » de flashballs sur le mobilier urbain, des bouteilles de bières (surtout en Bretagne), des pavés lancés pas assez fort, etc… Observer les trajectoires des projectiles avant de se « mettre en protection » reste la meilleure des stratégie, mais encore faut-il les voir venir. Constat identique pour l’observation de la foule ou des forces de l’ordre : c’est encore la seule manière d’anticiper des changements brusques dans leurs attitudes (comme la mise à feu de grenades, le lancement d’une charge ou l’allumage d’un canon à eau).


La grande manifestation contre la loi travail du 14 juin 2016 à Paris en First Person View

– Savoir reconnaitre les bruits :

Le tir d’une munition depuis un lanceur « Cougar », l’explosion en altitude d’une grenade lacrymogène libérant des « palets au gaz CS », les tirs de « FlashBall SuperPro » ou de « Lanceurs de balles de défense (LBD) » provoquent des sons particuliers et facilement reconnaissables. Les précieuses secondes qui séparent ces bruits de l’arrivée des projectiles permet d’en connaitre la position et la nature afin d’adapter sa réaction au dernier moment. Cela reste plus compliqué pour les grenades lancés à la main et particulièrement les grenades de désencerclement, qui n’ont qu’une seconde et demi de mèche contre 2 à 3 seconde pour les grenades assourdissantes ou lacrymogènes. Le temps de réaction parfois très court nécessite donc une vigilance visuelle et auditive permanente.


L’évacuation de Nuit Debout durant la nuit du 28 avril 2016, place de la République à Paris en First Person View

– Identification

Certains Journalistes Reporters d’Images (JRI) et plus généralement un certain nombre de journalistes ne disposent pas d’une carte de presse. Cela ne vous empêche pas de vous signaler sur votre casque (à l’avant, à l’arrière, et sur le dessus pour les hélicoptères) d’un sigle « TV » ou « PRESSE », ainsi que sur votre sac. Cela vaut identification pour les Policiers comme pour les manifestants.


Agression par un policier de la BAC en marge d’un blocus de lycéen à Paris #JusticePourTheo (Février 2017)

Faites gaffe à vous.